8. Vers la guerre

8.3. La surprise

Si les phases de tensions et d'apaisements ont émaillé les relations transfrontalières depuis 1871, l'annonce de mobilisations en Russie et en Autriche-Hongrie (30-31 juillet 1914) est une véritable surprise qui augure de la guerre. Le jeudi 30 au soir, une vive animation gagne les villes du département dans l'attente de nouvelles à travers les dernières éditions. L'activité militaire ne trompe pas et l'on apprend par les soldats la mise en alerte des régiments. Les bruits les plus divers courent mais l'émotion est limitée par la conscience d'une mobilisation imminente. Spontanément, les casernes deviennent les lieux d'attroupement pour y voir un proche. La gravité l'emporte sur les débordements patriotiques et nationalistes.

Le samedi 1er août est une journée superbe. La présence des militaires s'affiche aux points stratégiques tandis que les réservistes, les territoriaux et les convois de chevaux gagnent les casernements. Les principales villes sont en proie à une animation nerveuse qui voit l'activité économique s'intensifier (par peur d'une hausse des prix) et toutes les administrations rappeler l'ensemble de leurs effectifs.

Au soir du 1 er août, les préfets reçoivent l'ordre d'afficher sur les murs l'appel à la mobilisation générale signée des ministres de la Guerre et de la Marine, effective le lendemain. Simultanément, on placarde le décret du président Poincaré et on cherche à se convaincre de ses paroles : la situation est grave mais "la mobilisation n'est pas la guerre". Elle est au contraire le "moyen d'assurer la paix dans l'honneur" et une voie pour "aboutir à une solution pacifique".

Le lundi 3 août 1914 à 7 heures du soir, l'Allemagne déclare la guerre à la France et à la Belgique…

 

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