5. De l'autre côté

5.2. La germanisation

Forte de 620 000 habitants en 1910, la Lorraine annexée partage avec l'Alsace une relative autonomie au sein de l'Empire par les "constitutions" de 1879 et de 1911. Cependant, l'organisation administrative place la Moselle sous la coupe de sa voisine afin de distendre les liens entre Alsaciens et Mosellans. Depuis 1874, quatre députés représentent la Lorraine au Reichstag de Berlin mais, à l'instar des 20 députés siégeant au Landtag de Strasbourg ou des conseils élus (Conseil général, municipalités), ils exercent une influence symbolique.

La germanisation du territoire s'exprime par la langue, s'inculque par l'école et l'armée, se vit au quotidien dans l'emprise bureaucratique. Elle est facilitée par le double mouvement migratoire de départ vers la France des optants et d'immigration allemande (20% de la population en 1910). Par ailleurs, la politique d'assimilation du Reich mêle habilement des formes de libéralisme (autorisation d'une presse francophone, liberté d'opinion sans expression politique organisée) et d'autoritarisme qualifié un temps par les francophiles de "dictature".

A la veille de la guerre, la "protestation" née du refus de l'annexion s'est transformée en revendication d'autonomie qui ne remet pas en cause l'assimilation de la Lorraine dans le Reich. L'attachement à la France s'est mué en un sentiment délié de formes de contestations visibles, encore moins d'expressions nationalistes.

 

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