3. Frontière

3.1. La Lorraine divisée

La guerre franco-allemande de 1870-1871 scelle le destin de la Lorraine à peine plus d'un siècle après son intégration dans le territoire national. Lorsque le traité de Francfort entérine la paix le 10 mai 1871 en créant le land d'Alsace-Lorraine, l'unité territoriale de la région a vécu. Outre les deux départements alsaciens annexés (hormis Belfort mais avec les communes vosgiennes de Schirmeck et de Saales), la Moselle est redécoupée. Le nouveau territoire gagne au sud en intégrant les arrondissements de Château-Salins et de Sarrebourg ; ceux de Longwy et Briey à l'ouest restant à la France pour constituer le "Pays-Haut" du nouveau département de Meurthe-et-Moselle.

Nancy est promue capitale de l'est de la France à moins de trente kilomètres de la nouvelle frontière. Celle-ci se matérialise par des bornes marquées d'un F pour la France, d'un D pour le Reich, orientées les unes par rapport aux autres par un trait de guidage. Aux points de passage, des poteaux-frontières ornés de l'aigle impérial traduisent, côté allemand, la pérennité de l'annexion ; à l'inverse, un simple panneau marque pour la France son caractère provisoire.

Dès lors, les provinces annexées, par-delà la ligne bleue des Vosges, s'imprègnent de nostalgie et pénètrent l'imaginaire collectif même si l'adage attribué à Gambetta (« N'en parler jamais, y penser toujours ») a perdu de son acuité en 1914.

 

»
«