8. Vers la guerre

8.1. Les horizons mentaux

Le patriotisme et le militarisme sont une donnée consubstantielle et dominante dans l'état d'esprit des Lorrains à la veille de la guerre. L'influence de l'armée est omniprésente à travers les démonstrations symboliques (que ce soit les 14 juillet ou les revues), dans la définition des sociabilités urbaines et, plus globalement, au travers du culte du soldat invulnérable transmis par la presse.

Le patriotisme prend également appui sur la construction par la III e République d'un "roman national" où la création du héros fonctionne d'autant mieux qu'il peut être régional (on pense à Jeanne d'Arc popularisée par Ernest Lavisse).

La religion est une autre donnée prégnante dans les mentalités collectives, là encore par son encadrement social, son affinité avec une large partie de l'état-major et son influence culturelle (pèlerinages, retraites, passions…). En Lorraine, ce sentiment religieux s'enracine dans le passé historique en glorifiant à la fois la patrie et l'ancienne maison ducale.

Par contraste, la présence de nombreux exilés alsaciens ou encore l'Art nouveau inspiré par l'École de Nancy tournent à la fois les regards vers les provinces perdues et vers la modernité. A la nostalgie des provinces annexées répond une foi dans l'avenir et le progrès. On le voit, si les sentiments sont pluriels et le plus souvent complémentaires, ils excluent l'option agressive de la revanche mais empêchent toute forme de normalisation avec l'Allemagne.

 

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