Épargnée par les destructions, Nancy doit faire face dès août 1870 à la nécessité d’accueillir un afflux de population considérable pour sa taille : près de 30 000 soldats allemands qu’il faut héberger jusqu’à leur départ en 1873, puis les militaires français, dont la garnison passe de 600 hommes en 1870 à 13 000 en 1880 ; les réfugiés, bientôt optants pour la plupart d’entre eux, dont environ 9 000 décideront de rester ; ou encore les nouveaux ouvriers issus des campagnes. La population nancéienne passe de 50 000 en 1869 à 53 000 en 1872, puis 66 300 en 1876, pour atteindre 73 225 habitants en 1881.
Face à cet afflux, qui provoque l’entassement dans les logements existants, parfois la « taudisation » de certains quartiers, ou une installation provisoire dans les communes limitrophes, les acteurs publics et privés vont élaborer des réponses. Consécutivement au rejet de la proposition de construire des logements sur le cours Léopold, la municipalité nancéienne va privilégier l’extension du réseau de rues, notamment vers le sud, le long du canal. La création du boulevard Lobau et la prolongation de la rue des Tiercelins sont ainsi validées en 1873.
Les difficultés financières de la municipalité à engager les travaux vont encourager les initiatives privées à créer des rues particulières, qui rejoignent souvent le réseau de voirie municipale après des tractations parfois difficiles. Sept rues particulières vont ainsi être ouvertes dans les années 1870, mais elles sont à destination de populations aux ressources bien différenciées. Si la rue du Téméraire, offerte à la ville en 1877, répond au besoin de logement de familles plus modestes, les rues Lepois et de Rigny, offertes à la municipalité en novembre 1876 et dont les deux familles propriétaires possèdent des liens familiaux, sont destinées à une clientèle plus aisée.