La patrouille allemande passe,
Baissez la voix, mes chers petits,
Parler français n’est plus permis,
Aux petits enfants de l’Alsace .
Gaston VILLEMER (1840-1892), paroles, et Lucien DELORMEL (1847-1899), musique, Le Maître d’école alsacien, chanson.
Les Chansons d’Alsace-Lorraine (1885), Gaston Villemer et Lucien Delormel
Les paroles de cette chanson patriotique, intitulée Le Maître d’école alsacien, nous donnent un aperçu des conséquences de la guerre de 1870-1871 et de la situation de la France après la défaite.
Le 26 janvier 1871, la France signe un armistice avec la Prusse. Puis, le 10 mai 1871, le traité de Francfort donne à l’Empire allemand, officiellement proclamé dans la Galerie des Glaces du château de Versailles le 18 janvier précédent, les territoires français d’Alsace et de Moselle. À cela s’ajoute l’occupation du nouvel espace meurthe-et-mosellan comme caution du versement des 5 milliards de francs dus à l’Allemagne. Cette occupation durera jusqu’au mois de juillet 1873.
La défaite, l’annexion de territoires et l’occupation bouleversent le pays à l’échelle locale où les habitants vivent avec l’ennemi ou doivent quitter leur domicile et choisir leur nationalité, mais aussi à l’échelle départementale ou nationale avec la recomposition économique et administrative. Une mémoire de la guerre de 1870-1871 se développe également, visible dans l’architecture, le divertissement, les monuments aux morts et dans la représentation de l’Alsace-Moselle désormais intégrée au territoire allemand.
Le deuxième volet de l’exposition, présenté dans cette publication, s’intéresse donc à la période allant de mai 1871 à juillet 1873. Il décrit le quotidien des habitants sous l’occupation. Le bilan humain et matériel de la guerre est dressé. Ce deuxième volet présente aussi la création du département de la Meurthe-et-Moselle et la recomposition administrative et économique qui s’y opère. Les mouvements de population sont également traités à travers la question de l’option, de la naturalisation et de l’essor urbanistique des villes de Meurthe-et-Moselle en lien avec les migrations démographiques. Enfin, ce conflit génère une expression mémorielle et artistique, abondante et originale, abordée dans la dernière partie.