Le conflit franco-allemand de 1870-1871 inaugure la mise en œuvre d’un principe qui connaîtra une particulière résonance au cours du XXe siècle : celui des dommages de guerre. Même si secours ou indemnités ne sont pas chose nouvelle, le concept de « dommages de guerre » constitue de manière embryonnaire l’engagement de la responsabilité de l’État.
La loi du 6 septembre 1871 décide « qu’un dédommagement serait accordé à tous ceux qui ont subi des pertes résultant de la dernière guerre » et détermine les termes et les modalités des procédures d’indemnisation et de la répartition des fonds. Des commissions cantonales d’évaluation destinées à examiner les tableaux des demandes d’indemnité des sinistrés transmis par les communes sont mises en place, principe qui sera repris après le premier conflit mondial.
Les dommages matériels, et notamment immobiliers, inhérents au conflit de 1870-1871, sont évidemment sans commune mesure avec les futures et massives destructions de la Première Guerre mondiale. Hormis quelques exemples spectaculaires (Fontenoy-sur-Moselle incendié en grand partie, ou encore Toul et Longwy ayant subi chacune un siège), les destructions immobilières se révèlent limitées et les demandes d’indemnité concernent le plus souvent les pertes consécutives aux réquisitions prussiennes : prélèvements de grains, de fourrages et de vivres, de véhicules et d’animaux de trait, pour l’essentiel.
Sur un montant global de 28.737.124 francs de pertes constatées, les sinistrés de Meurthe-et-Moselle reçoivent, au titre de deux crédits alloués le 6 septembre 1871 puis le 7 avril 1873, une somme totale de 8.744.600 francs. Ces crédits sont affectés aux communes par une commission de répartition.
Pour la reconstruction, des « comités de reconstruction » peuvent se former. C’est le cas à Fontenoy-sur-Moselle, où, dans un premier temps, on songe à réédifier le village sur un nouvel emplacement, afin de conserver les ruines comme expression tangible de la barbarie prussienne. Cependant, la marche de la reconstruction n’échappera pas à certaines turbulences, comme dans la place forte de Toul où, en mars 1874, le ministre de la Guerre condamne 42 habitants de Toul, sinistrés en 1870, « à démolir des constructions » élevées « par eux postérieurement au siège… dans la zone des servitudes militaires ».