La guerre de 1870-1871 entraîne un changement dans la façon de traiter les dépouilles des soldats tombés au combat ou morts de leurs blessures. L’article 16 du traité de Francfort édicte pour la première fois des règles de protection des tombes des soldats, stipulant que les « deux gouvernements, français et allemand, s’engagent à faire respecter et entretenir les tombeaux des soldats ensevelis sur leurs territoires respectifs ». L’Assemblée nationale française vote le 4 avril 1873 une loi pour assurer la conservation des tombes des soldats des deux nations belligérantes morts pendant la guerre et inhumés sur le territoire français. La loi divise les inhumations en deux groupes : celles qui ont eu lieu dans les cimetières et celles qui ont eu lieu sur les champs de bataille, avec des dispositions particulières à chacune des situations. Les terrains qui renferment des sépultures françaises et allemandes placées dans les cimetières sont cédés gracieusement ou vendus à l’État comme concessions perpétuelles.
En Meurthe-et-Moselle, on compte après la guerre plus de quatre-cents tombes dans les cimetières et plus de six-cents hors cimetière, avec, sur les champs de bataille, des milliers de corps français et allemands enterrés, parfois sans distinction de nationalité, dans des fosses communes, notamment sur les territoires de Saint-Ail-Habonville, Bruville et Mars-la-Tour.
En accord avec le décret du 23 prairial an XII, instaurant un délai avant l’exhumation et la réinhumation d’un corps, les sépultures isolées en dehors des cimetières et les sépultures disséminées dans les cimetières sont concentrées dans des tombes uniques à partir de 1876 : les restes des soldats, souvent des os mélangés dans le cas des fosses communes, sont déterrés et réinhumés, sans que soient toujours certains l’identité des soldats, le nombre de corps et la nationalité des défunts. Près de 10 000 militaires reposent en Meurthe-et-Moselle selon le rapport relatif aux tombes des militaires morts pendant la guerre de 1870-1871 rédigé en 1878 par le ministre de l’Intérieur Émile de Marcère (1828-1918).