L’expression mémorielle et artistique

L’émergence d’un patrimoine mémoriel

De premiers monuments commémoratifs sont érigés en France dès 1871, mais c’est surtout après 1880, voire 1890, avec la stabilisation du régime républicain, que se multiplient monuments et plaques afin de commémorer l’esprit de résistance, la supériorité morale des soldats français et le courage des vaincus, valeurs dont la République en pleine construction veut s’emparer pour préparer la Revanche. En Meurthe-et-Moselle, l’un des premiers monuments commémoratifs est celui de Lunéville, à la mémoire des citoyens des arrondissements de Lunéville et Sarrebourg victimes de la guerre et à celle des soldats français morts pendant la même période dans les hôpitaux de Lunéville. Le souvenir des victimes civiles est également évoqué par le monument à la mémoire des victimes du siège de Toul inauguré le 23 septembre 1875. Le deuxième monument aux morts de Longwy et le déroulement de son inauguration en 1912 s’inscrivent dans l’élan patriotique des années précédant la Première Guerre mondiale.

Des monuments commémoratifs sont parfois installés sur les caveaux ou les ossuaires : le monument dû à Frédéric-Louis-Désiré Bogino (1831-1899), à Mars-la-Tour, qui rassemble les restes de 1 500 soldats français, est inauguré le 2 novembre 1875 et devient dès lors le témoin de cérémonies patriotiques tous les 16 août, jour anniversaire de la bataille de Mars-la-Tour.

Les souscriptions pour la création de ces monuments sont souvent à l’initiative de communes, de commissions locales, du Souvenir français ou encore d’associations de vétérans, auxquels l’État s’associe quelquefois, par exemple en offrant des matériaux tels que des blocs de bronze pour le monument de Mars-la-Tour ou de marbre pour le monument de Lunéville.

Certains des monuments commémoratifs à la mémoire d’habitants locaux tombés, comme le monument de Fontenoy-sur-Moselle inauguré en 1899 pour commémorer les victimes civiles et militaires de l’incendie du 22 janvier 1871 ou celui de Bruville inauguré en 1894, serviront également de monument aux morts pour les conflits suivants.