Au cours de l’année 1872, l’université de Strasbourg est progressivement transférée à la toute jeune université de Nancy, rétablie en 1852. De nombreux enseignants suivent ce transfert, ce qui augmente le nombre de chaires.
Nancy se trouve également dotée, à cette occasion, d’une des trois facultés de médecine que possède alors la France. Ce transfert n’a pourtant rien d’évident. Due au faible nombre d’hôpitaux nancéiens, il est en effet imaginé dans un premier temps que l’établissement strasbourgeois rejoigne l’université lyonnaise. Mais les désaccords entre la municipalité lyonnaise et son école de médecine, ainsi que la détermination des élus locaux, le conseil municipal de Nancy en tête, ont raison du choix du gouvernement français.
Le ministre de l’Instruction publique, Jules Simon (1814-1896), présente les enjeux de cette « nouvelle » université : « La situation de Nancy, en face de l’Allemagne, lui crée un devoir particulier […]. La Faculté de Nancy peut être comme un vaste atelier dans lequel viendra aboutir toute la science élaborée en Allemagne, pour être, de là, répandue dans les Ecoles françaises, après avoir été soumise à une sévère et judicieuse critique »1 . Le doyen de la faculté de droit souligne quant à lui par des accents patriotes « que la réunion des facultés de tout ordre dans un même centre est un des plus puissants moyens de développement et de progrès pour le génie national et que l’heure des grands efforts intellectuels est arrivée en vue de reconquérir à la France son sang et son influence séculaires »2.
1 Lettre de Jules Simon, ministre de l’Instruction publique au doyen de la faculté de médecine, novembre 1872, arch. dép. de Meurthe-et-Moselle, 1 T 1739.
2Discours du doyen de la faculté de droit au conseil académique le 8 juillet 1871, arch. dép. de Meurthe-et-Moselle, 1 T 259.