Au terme du conflit, l’arrivée massive de la population des territoires annexés, favorisée par l’option, engage une dynamique nouvelle en matière d’industrialisation et d’urbanisation certes, mais aussi en matière culturelle. Ce regain est notoire surtout à Nancy.
Pour exemple, le théâtre de Nancy, qui resta fermé durant l’occupation prussienne (d’août 1870 à août 1873) et refusa toute représentation par patriotisme, se réjouit de retrouver ses adeptes, venus en nombre dès sa réouverture le 28 août 1873 sous la direction de Lemercier.
Aux côtés des représentations prestigieuses du théâtre municipal destinées à un public averti, et donc sans concurrence à proprement parler, des spectacles plus populaires se développent à partir de 1884, grâce à la création des deux cafés-concerts que sont le Casino des familles et l’Eden (devenant tour à tour l’Eden cinéma, le théâtre des Variétés et le théâtre des Nouveautés). Des projets de construction dédiés aux plaisirs sont encore envisagés à Nancy, tel le Grand Cercle en 1886, mais n’aboutissent pas. Il faudra attendre les années 1888-1889 pour voir fleurir un nouvel édifice culturel dans la cité ducale, grâce à un legs de Victor et Lisinka Poirel…
La joie du retour aux divertissements se manifeste également par le développement du chant choral, qui connaît son essor avec la Troisième République, le nouveau régime encourageant cette pratique dans l’enseignement scolaire notamment. Ainsi naît la société « Chorale Alsace-Lorraine », ensemble uniquement masculin comptant à son apogée près de 140 chanteurs, qui occupa une place importante dans la vie musicale de Nancy durant ses 63 années d’activité. À la fois composée d’anciennes chorales nancéiennes et d’optants, cette société chorale est tout à fait symptomatique à la fois du regain du divertissement dans la cité ducale une fois la région libérée de l’occupant prussien et de la reconfiguration territoriale.