5. La bataille de la trouée de Charmes
5.3. Le Léomont
Le lieu-dit du Léomont est un point culminant à 336 mètres d'altitude rattaché à Vitrimont et dans la proximité occidentale de Lunéville. Rien ne prédestine en 1914 le corps de ferme qui domine la butte à devenir un haut-lieu de combats, d'abord lors de la bataille de la trouée de Charmes en août, puis au flanc sud de celle du Grand Couronné en septembre. C'est pourtant en cet endroit que l'on place la première victoire française de la guerre et que s'illustre la 11e division d'infanterie de Nancy.
La position stratégique du Léomont est convoitée par les deux armées qui multiplient entre le 20 août et le 10 septembre les assauts pour s'en emparer. À huit reprises la butte passe d'un camp à l'autre sous les effets combinés de corps-à-corps sanglants et de bombardements meurtriers de jour comme de nuit, entre les Bavarois du IIe corps et les Lorrains de la "division de fer" (surnom de la 11e Division d'Infanterie). Plusieurs milliers d'hommes y perdront la vie, enterrés côté français dans la nécropole voisine de Friscati - Mouton noir.
Les combats du Léomont sont emblématiques du passage de la guerre classique à la guerre moderne. En effet, le contrôle des points hauts pour opérer les vastes mouvements de troupes et la brutalité des attaques à la baïonnette rappellent le XIXe siècle. En revanche, l'avantage donné par les canons de 75 "débouchés à zéro" (c'est-à-dire en tir direct contre un ennemi situé à moins de 500 mètres) et la disparition de la ferme sous les explosions annoncent la guerre du matériel.