4. Le soldat

4.2. États d'esprit

Comment les soldats ont-ils tenu ? Cette question embrase le débat historiographique tout en renouvelant notre connaissance de la Grande Guerre. Avec l'apparition de la Nouvelle Histoire à partir des années 1970, elle-même petite-fille de l'École des Annales, les recherches s'orientent désormais sur l'histoire des mentalités et l'approche culturelle du conflit. Ces évolutions ont amené l'affrontement passionnel de deux thèses en apparence inconciliables.

Les partisans du "consentement" avancent que les soldats ont accepté leurs conditions de combat. Cette analyse se fonde sur une étude globale de la société pour faire apparaître une "culture de guerre" largement consensuelle. Les poilus auraient intériorisé les formes de violence dans le contexte d'une "brutalisation" des sociétés européennes, aussi bien sur le front qu'à l'arrière. À ce titre, le patriotisme, la haine de l'ennemi, sont autant les vecteurs que les symptômes d'une violence généralisée.

C'est la "contrainte" qui expliquerait l'endurance des poilus pour les tenants de la thèse opposée. Ceux-ci s'appuient avant tout sur les sources individuelles et les expériences personnelles pour montrer que les soldats ont multiplié les formes de résistance et d'esquive face à la violence guerrière (de la désobéissance aux mutilations volontaires, de la non acceptation à la désertion).

Par-delà ces travaux, deux thèses s'opposent : le soldat est-il l'acteur symbolique d'une acceptation de la violence qui embrase toutes les couches des sociétés et justifie le conflit ou une double "victime" de la guerre elle-même mais aussi des formes étatiques de coercition ? In fine, c'est l'existence d'une culture commune aux poilus de la Première Guerre mondiale qui se pose (du fusillé au héros) et, au-delà, du sens intime que l'on applique à la guerre.

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