2. La guerre moderne

2.1. Diriger la guerre

Dans son œuvre majeure De la guerre publiée en 1832, l'officier prussien Carl von Clausewitz postule que le rôle des chefs militaires est de préparer la guerre mais qu'il appartient au pouvoir politique d'en fixer les modalités et le calendrier. Les relations entre pouvoirs civil et militaire apparaissent ainsi comme une clé de la compréhension du conflit.

Se pose en France la question de savoir si la République parlementaire peut gagner une guerre contre des empires semi-autocratiques et militaristes, d'autant plus que l'affaire Dreyfus ou la loi de 1905 sur la laïcité ont approfondi les fractures internes. De fait, un décret de 1913 établit que le gouvernement a la conduite de la guerre, la conduite des opérations relevant de l'état-major. En réalité, l'état de siège ordonné le 4 août 1914 place les autorités civiles sous la tutelle des militaires, au point que l'on a pu parler un temps de "dictature militaire". Il faut attendre 1917 avec l'échec du Chemin des Dames, puis l'arrivée de Clemenceau au pouvoir pour que les civils l'emportent définitivement. La victoire de 1918 sera avant tout celle de la République.

La toute-puissance des militaires est acquise dans le Reich dès le début du conflit. Elle s'intensifie à partir de 1916 avec la primauté des généraux Ludendorff et Hindenburg sur l'empereur Guillaume II. Cette situation explique en partie la stratégie adoptée de violation délibérée du droit international (neutralité étatique, utilisation d'armes chimiques) et la progressive désorganisation économique et sociale de l'Allemagne dans une guerre devenue totale. Enfin, le fossé entre la hiérarchie militaire et la population n'a fait que se creuser outre-Rhin alors que la direction civile des opérations a pu mobiliser la nation française toute entière contre l'envahisseur.

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