Lettre du commissaire central de police au préfet détaillant des troubles lors d’une représentation au théâtre de Nancy faisant apparaître un soldat prussien (31 décembre 1878).

Le 28 novembre 1878, le préfet de Meurthe-et-Moselle, Albert Delmas (1831-1914), signale au ministère de l’Intérieur vouloir rétablir l’article 3 du décret du 6 janvier 1864, tombé alors en désuétude à Nancy. Il en fut félicité par le directeur de la Sûreté générale, Alfred Boucher-Cadart (1836-1910). Par ce texte, les préfets pouvaient exiger d’examiner la programmation des œuvres dramatiques et la modifier au besoin. L’exercice de cette prérogative s’illustre notamment en décembre 1878. Alors que la blessure de l’occupation prussienne demeurait encore vive, le commissariat central de police fit état de troubles au théâtre de Nancy lors d’une représentation des Martyrs de Strasbourg ou l’Alsace en 1870, drame historique et patriotique en cinq actes et dix tableaux par M. G. Champagne (représenté pour la première fois au théâtre de Caen le 20 février 1872). D’après les propres mots du préfet, cette œuvre « contient de nombreux personnages de nature à éveiller la susceptibilité d’une puissance voisine ; des sentiments patriotiques respectables sans doute mais des plus exaltés y sont violemment surexcités ; les Allemands y sont traités sans ménagement […] Il ne m’a pas paru possible de laisser représenter [à nouveau ?] cette œuvre dans une ville aussi rapprochée de la frontière et où le souvenir de ces désastres est resté si douloureux et si profond ».

Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, 4 T 147

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