Un département face aux épreuves (1870-1945)

Les crises religieuses

Dès le début du XXe siècle, la population de Meurthe-et-Moselle est secouée par la loi de Séparation des Églises et de l’État (9 décembre 1905). Les Républicains, majoritaires au Parlement depuis 1876, cherchent à construire une république laïque. Le processus de laïcisation et de sécularisation de la société a progressé avec les lois scolaires de Jules Ferry de 1881-1882 et trouve son aboutissement avec la loi de 1905. Elle assure la liberté de conscience et prévoit que l’État ne finance plus aucun culte. Les bâtiments cultuels et leurs biens deviennent propriété des collectivités qui doivent en assurer l'entretien et les confient gratuitement aux nouvelles associations cultuelles imposées par la loi.

Mais celle-ci prévoit aussi des inventaires des biens des églises. Cette mesure est très mal accueillie par la population catholique. Les opérations d’inventaires dégénèrent et déclenchent des scènes de violence, comme celle de la cathédrale de Nancy, le 13 mars 1906, qui provoque des affrontements sur la place Stanislas entre cléricaux et anticléricaux. L’apaisement revient après la suppression des inventaires à partir du 20 mars 1906, décidée par Georges Clemenceau, devenu ministre de l’Intérieur.



Le 6 mars 1906, Albert Lebon, curé de Moivrons, s’oppose à l’inventaire de son église par les services de l’État, s’appuyant sur les déclarations de l’évêque de Nancy-Toul, Mgr Charles-François Turinaz et du pape Pie X. En protestation, il lit une lettre devant l’édifice et refuse d’en ouvrir les portes. Trois jours plus tard, les agents chargés de l’inventaire reviennent accompagnés de soldats. Face à la résistance et aux protestations de 200 paroissiens, ils forcent les portes de l’église pour effectuer l’inventaire.

Suivant des études au séminaire de Pont-à-Mousson, ordonné prêtre en 1886, Albert Lebon est maître d’études à Pont-à-Mousson, puis vicaire à la paroisse nancéienne de Saint-Léon, avant d’être nommé en novembre 1890 curé de Moivrons où il restera jusqu’à sa mort en 1919.

Inventaire de la cathédrale de Nancy, photographie, 1906.
Fonds François Remond / Image’Est
Le petit séminaire de Pont-à-Mousson. 1900
Arch. dép de Meurthe-et-Moselle, 44 Fi 193