Les évolutions démographiques

Une terre d’immigration

« À partir de 1871, le département accueille des Alsaciens et des Mosellans. Des Italiens et des Polonais arrivent aussi en grand nombre. En revanche, des habitants émigrent vers l’Amérique ou les colonies. Pendant la Première Guerre mondiale, des soldats européens, américains et venus des colonies stationnent en Meurthe-et-Moselle. Des hommes venus d’Afrique du Nord ou d’Indochine viennent aussi apporter leur force de travail. La violence du conflit provoque un mouvement d’émigration. Les années 1920 et 1930 marquent la reprise d’une immigration à majorité polonaise et italienne. La Seconde Guerre mondiale entraîne l’exode des civils. S’ajoutent le départ des prisonniers de guerre, 25 000 en Meurthe-et-Moselle, et la déportation des juifs, et des communistes et plus largement des résistants. Après 1945, la reconstruction entraîne l’arrivée de main-d’œuvre venue du Portugal, d’Espagne et d’Algérie. Le département accueille aussi des réfugiés hongrois fuyant la répression soviétique en 1956. Puis l’immigration ralentit dans les années 1970. L’origine des nouveaux arrivants est plus variée : pays du Maghreb et Turquie, puis d’Europe de l’Est à partir des années 1980. »



22 juillet 1936, Mancieulles. Stanislas Kukfisz déclare qu’il « ne connait pas la Pologne, désire que ses deux fils fassent leur service militaire en France, désire vivre tranquille en France en travaillant » *1. Près de trois ans plus tard, la demande en naturalisation ainsi justifiée aboutit. Stanislas Kukfisz et sa femme Agnès deviennent alors français.

Les époux Kukfisz résident depuis le 26 mai 1924 à Mancieulles. Stanislas est mineur à la mine de Saint-Pierremont. Agnès, quant à elle, « gère une petite cantine fréquentée exclusivement par les ouvriers mineurs ». Le travail joue un rôle intégrateur déterminant pour les immigrés. Ainsi, Stanislas Kukfisz est à la fin des années 1920 dirigeant de l’association « Osiviata ». Créée en 1926, elle réunit les « ouvriers polonais, occupés par la Société anonyme des Mines de Fer de Saint-Pierremont, à Mancieulles ». Comme de nombreuses organisations ouvrières en France, elle a « pour but philanthropique de secourir ses membres en cas d’infortune par une aide mutuelle ; de les guider dans les prescriptions auxquelles ils doivent se conformer, suivant les lois françaises en vigueur ; enfin d’établir ou resserrer les liens de camaraderie et de solidarité qui doivent exister entre étrangers d’une même nationalité vivant hors de leur patrie »*2. Le caractère « national » de l’association témoigne bien moins d’une logique de repli que d’une volonté collective d’intégration progressive et pacifiée dans le pays d’accueil. La naturalisation d’un de ses dirigeants une dizaine d’années plus tard en témoigne. 22 juillet 1936, Mancieulles. Stanislas Kukfisz déclare qu’il « ne connait pas la Pologne, désire que ses deux fils fassent leur service militaire en France, désire vivre tranquille en France en travaillant ». Près de trois ans plus tard, la demande en naturalisation ainsi justifiée aboutit. Stanislas Kukfisz et sa femme Agnès deviennent alors français.

*1 Dossier de demande de naturalisation, Arch. dép. de Meurthe-et-Moselle, 6 M 465
*2 Statuts de l’association, Arch. dép. de Meurthe-et-Moselle, 4 M 112

Association des femmes catholiques polonaises à Trieux, 1938
Arch. dép. de Meurthe-et-Moselle, 51 J 750/59
Fête polonaise, 1938
Arch. dép. de Meurthe-et-Moselle, 51 J 750/54