23 septembre 1474
Extrait du registre coté B1, le texte est celui d’une lettre patente ayant été enregistrée, c’est-à-dire copiée dans un registre.
(Arch. dép. Meurthe-et-Moselle, 1 B f196)
Télécharger la transcription au format PDF
Extrait du registre coté B1, le texte est celui d’une lettre patente ayant été enregistrée, c’est-à-dire copiée dans un registre. La lettre patente est un acte solennel du pouvoir souverain, ici le duc de Lorraine, dont le contenu doit être connu de tous : l’adresse est collective. La chancellerie ducale s’inspire de la pratique royale. Le registre contient ainsi des copies de lettres ayant été expédiées par la chancellerie ducale. Toutes les lettres ne sont pas enregistrées, selon Hélène Schneider, elles le seraient « à la demande des bénéficiaires, comme semble le suggérer la mention hors-teneur de sommes versées pour l’obtention de cet enregistrement qui constitue une sécurité pour les bénéficiaires peu sûrs de conserver intactes leurs propres archives »(1). L’enregistrement se systématise progressivement durant l’époque moderne. L’auteur de la lettre est René II, duc de Lorraine : détenteur de l’auctoritas, sa titulature n’est pas développée dans la suscription afin de condenser le texte. La lettre est expédiée par Johannès Lud, secrétaire ayant la confiance du duc, qui signe la lettre, à l’attention d’Antoine Warin : elle accuse réception d’un acte de foi et d’hommage de ce même individu. La lettre dispose que personne ne s’oppose à l’administration d’Antoine de Warin qui a satisfait aux exigences du vassal en engageant sa fidélité et son secours auprès de son seigneur.
Le duc de Lorraine est un suzerain, et à son avènement comme duc, ses vassaux devaient lui faire hommage. René II est duc de Lorraine de 1473 à 1508. Il devient duc de Lorraine à la suite de l’abdication de sa mère, Yolande d’Anjou, fille de René d’Anjou, en sa faveur lorsque le duc Nicolas Ier meurt en 1473. Des documents faisant acte d’hommage au nouveau duc sont donc envoyés à la chancellerie. L’acte présenté en exemple révèle ainsi l’organisation de la société : les relations féodo-vassaliques persévèrent jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, même si leur vivacité s’amoindrit au fil du temps, contrairement à ce que les écrits laissent supposer. A cet acte d’hommage, le vassal joignait généralement la liste des terres qu’il tenait au nom de son suzerain, un document appelé dénombrement.
Le règne de René II comme duc de Lorraine correspond à une période de nouveautés en matière administrative : le duc crée des institutions et des charges dont le ressort est à la fois le duché de Bar et le duché de Lorraine. Le bénéficiaire de la lettre est un acteur de cette tentative centralisatrice puisqu’Antoine Warin est nommé receveur général de Lorraine (attesté entre 1476 et 1491) et qu’il exerce cette même charge pour le duché de Bar, de 1480 à 1489. Les finances sont le domaine où se révèlent les tentatives de contrôle renforcé du duc sur l’ensemble de ses territoires lorrains, avec la création d’offices pour contrôler les finances à l’échelle des prévôtés, mais également du duché, avec la charge de receveur général, de conseiller général des finances ou encore la nomination d’hommes de confiance comme auditeurs des chambres des comptes.
Références bibliographiques :
Hélène SCHNEIDER, « Les lettres patentes de René II. Jalons pour l’étude du règne » in Hélène SAY et Hélène SCHNEIDER (dir.), Le duc de Lorraine René II et la construction d’un État princier – Lotharingia XVI, Nancy, Conseil général de Meurthe-et-Moselle, p. 31-45.
Hélène SCHNEIDER, « Les Angevins et les chambres des comptes des duchés de Bar et de Lorraine (1430-1508) » in Périphéries financières angevines. Institutions et pratiques de l’administration de territoires composites (XIIIe-XVe siècle), Serena MORELLI (ed.), Publications de l’École française de Rome, 2018, https://doi.org/10.4000/books.efr.3543.
Hélène SCHNEIDER, « Johannes Lud de Pfaffenhoffen et la pratique de l’écrit en Lorraine angevine (1460-1504) » in Formations et cultures des officiers et de l’entourage des princes dans les territoires angevins (milieu XIIIe-fin XVe siècle), Isabelle MATHIEU, Jean-Michel MATZ (ed.), Publications de l’École française de Rome, 2019, https://doi.org/10.4000/books.efr.4085.
(1) Hélène SCHNEIDER, « Les lettres patentes de René II. Jalons pour l’étude du règne », Hélène SAY et Hélène SCHNEIDER (dir.), Le duc de Lorraine René II et la construction d’un État princier – Lotharingia XVI, Nancy, Conseil général de Meurthe-et-Moselle, p. 32.