La carte d'état major
La représentation approximative du relief par la carte de Cassini et ses lacunes en matière de voies de communication font sentir le besoin d’une nouvelle carte de France dès le début du XIXe siècle, tant pour des raisons militaires que d’administration civile.
La grande originalité de la carte topographique générale de la France décidée sous la Restauration est d’être établie en lien avec le cadastre. L’entreprise est menée sous l’autorité du ministère de la Guerre par les ingénieurs géographes, intégrés en 1831 au corps d’état-major, d’où le nom des cartes publiées au 1/80 000. Le territoire national est entièrement couvert vers 1880.
Les reliefs sont figurés par hachures et courbes de niveau ; le réseau secondaire des routes et chemins y est détaillé ; les signes conventionnels sont employés de façon uniforme.
Paradoxalement, le système de projection retenu convient mal à l’artillerie : les militaires délaissent donc une carte de plus en plus diffusée auprès du public grâce aux éditeurs privés. Au début du XXe siècle, le Service géographique des armées adopte la projection Lambert conforme aux besoins des militaires ; une nouvelle publication, au 1/50 000, est alors menée.
La défaite de 1940 contraint le gouvernement, afin d’éviter la mainmise des autorités d’occupation sur un outil stratégique essentiel, à transformer le Service géographique des armées en un organisme civil, l’Institut géographique national.
La représentation du relief (orographie) est déterminante pour signifier la troisième dimension de l’espace. Sur les cartes les plus anciennes, seuls les accidents significatifs du relief sont indiqués de manière symbolique (bulbes ou épis pour les montagnes). Progressivement, les progrès scientifiques permettent le recours à l’estompage (éclairage oblique donnant l'illusion de la troisième dimension), avant que ne se généralisent les courbes de niveau (lignes d’une même altitude) et les points cotés grâce à la précision croissante des mesures. |