L'espace urbain
Les mutations des fonctions urbaines induisent une évolution de la représentation de la ville.
Dès la fin du Moyen Âge, et jusqu’aux XVIIe-XVIIIe siècles, c’est la fonction défensive autour d’une autorité qui a fréquemment la primauté : on figure de façon précise les défenses naturelles et artificielles, et on met en valeur, souvent hors échelle, les édifices du pouvoir laïc ou religieux. Le parcellaire intra-muros tout comme celui des faubourgs ne jouissent pas de la même attention : la toponymie y est mentionnée par quartier, le tracé des rues n’y est qu’indicatif. La conscience de la particularité de la ville comme réalité géographique est sensible, mais la cartographie urbaine peine à représenter les densités de population et les espaces « trans-urbains », que sont les jardins et terrains libres dans la ville et les faubourgs.
L’esprit des Lumières apporte des progrès notables, que ce soit dans la représentation de l’espace (rapport d’échelle, rendu des volumes, description du bâti) ou dans la spécialisation des fonctions, en différenciant l’habitat des édifices à fonction édilitaire. Les plans masses qui en sont issus permettent la mise en cohérence et la caractérisation des éléments constitutifs de la ville, témoignant des premiers pas de l’urbanisme.
La représentation de la ville insiste sur trois éléments : l’altérité du milieu urbain, exprimée au travers de ses limites fortifiées, qui circonscrit un espace soumis à une autorité plus ou moins autonome en rupture avec son arrière-pays immédiat (faubourgs et campagne) ; les densités, marquées par une figuration ou un zonage particuliers ; la manifestation du pouvoir par la représentation de ses édifices symboliques, tant laïcs (palais, places, monuments) que religieux (églises et couvents). À la fin du XVIIIe siècle, la disparition des fortifications marque le début du processus de polarisation de la ville vers ses périphéries. |