La Lorraine d'Ancien Régime
L’espace lorrain est caractérisé sous l’Ancien Régime par son morcellement.
Les duchés de Bar et de Lorraine sont réunis en 1485 ; leurs territoires, étroitement imbriqués, comptent de nombreuses enclaves. Les évêques de Metz, Toul et Verdun conservent des temporels indépendants, eux-mêmes morcelés, hérités de la période impériale. À ces entités s’ajoutent des principautés indépendantes et des enclaves étrangères innombrables.
Pays d’"entre deux", la Lorraine devient un enjeu pour le royaume de France. Sa souveraineté sur la rive gauche de la Meuse (le "Barrois mouvant") est reconnue dès 1301 ; il obtient au début du XIVe siècle la prévôté de Vaucouleurs. En 1552, par son "Voyage d’Allemagne", Henri II conquiert les temporels des évêchés de Metz, Toul et Verdun (les Trois-Évêchés). Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les duchés de Lorraine et de Bar sont occupés et administrés à plusieurs reprises par la France.
Le rattachement définitif de ces duchés est acquis en 1737, quand le duc François III, époux de l’héritière de l’Empire d’Autriche Marie-Thérèse, les échange contre la Toscane. Ses possessions lorraines sont attribuées à titre viager à Stanislas Leszczynski, roi de Pologne et beau-père du roi Louis XV, mais sont de fait administrées par la France. Après le rattachement officiel à la mort du roi-duc (1766), l’administration française se moule dans le cadre institutionnel ancien : on y distingue encore clairement les Trois-Évêchés de l’ancienne Lorraine ducale.
La dimension politique de la carte est renforcée par la présence de symboles de pouvoir annexés dans les cartons, les légendes, sur le fond même de la carte ou en tant qu’éléments libres de décoration. Ils consistent en des symboles de majesté (couronne, sceptre), couplés aux vertus princières (instruments scientifiques vus comme allégories du « monarque éclairé »), mais aussi en des identifiants dynastiques (fleur de lys, croix de Lorraine) légitimant l’exercice d'un pouvoir militaire (figuration d’un camp militaire). |