Rendre la justice
Représentation graphique du territoire, la carte est fréquemment utilisée dans le cadre de procès : il s’agit de présenter le terrain sur lequel doit porter sa sentence à une instance judiciaire qui ne se déplace pas sur place.
Le géomètre et l’arpenteur sont sollicités soit par l’une des parties en cause, afin de verser une pièce (qui a alors tout intérêt à être de qualité afin de se gagner la bienveillance du juge), soit par le juge lui-même au cours de l’instruction (moins bien rémunérées, ces cartes sont des documents exacts, mais sans sophistication graphique). Les cartes relatives à leurs procès sont conservées par les parties, que la sentence leur ait été favorable ou non ; on retrouve aujourd’hui ces documents dans de nombreux fonds, notamment ceux des établissements ecclésiastiques.
Les archives départementales de Meurthe-et-Moselle conservent par ailleurs dans le fonds de la chambre des comptes de Lorraine, chargée de la conservation du domaine ducal, de nombreuses cartes produites lors des accensements, actes par lesquels le duc (puis le roi) concède une portion de son domaine moyennant redevance (le cens). La carte est alors destinée à faire foi et à permettre la préservation des droits de la couronne ducale.
La couleur est l’élément visuel créateur de la carte. Ses variations traduisent le fait géographique (cours d’eau, élément naturel, bâti…) en rappel de sa perception visuelle (le bleu de l’eau par exemple) ; en l’absence de délimitation linéaire, elle sert de séparation entre deux réalités spatiales ; l’accentuation d’un phénomène est rendue par des intensités différentes. Les jeux de couleur peuvent rapprocher la carte de l’œuvre d’art sans que cela nuise à la perte d’information géographique. |