La triangulation
La triangulation est une méthode mathématique de détermination des distances par la géométrie. Énoncée par le cosmographe hollandais Gemma Frison (dit Frisius) en 1533, elle connaît sa première application en France au XVIIe siècle avec les travaux de Picard (La mesure de la Terre, 1671).
La méthode consiste tout d’abord à déterminer les coordonnées géographiques d’un point de référence (latitude et longitude exprimées à partir d’un méridien d’origine), puis de mesurer avec précision, à l’aide de perches en bois, la distance à un autre point afin de disposer d’une base dont les coordonnées sont connues. Il est alors possible de construire le triangle qui lie cette base à un troisième point, en s’aidant de la mesure des sinus et des cosinus : la connaissance d’un côté du triangle et des deux angles adjacents permet la détermination de l’ensemble du triangle. En multipliant les points de repérage, on construit une chaîne de triangles dont les coordonnées sont connues.
La triangulation permet ainsi de déterminer et de représenter avec précision un ensemble de distances et de coordonnées géographiques ; en revanche, la méthode pâtit des déformations induites par la rotondité de la Terre et par les altitudes, qu’il convient de corriger.
La mesure de l’espace prend appui sur la détermination de points fixes remarquables que l’on se propose de reproduire sur les cartes. Ils correspondent à des données naturelles (arbre isolé - solier -, rocher, point haut…) ou humaines (clocher d’église, édifice particulier…) inscrits dans le champ visuel. À plus grande échelle, le bornage est généralisé. Le recours à des repères mobiles (signaux) à partir du XVIIIe siècle marque le début de l’abstraction géographique : l’espace pensé scientifiquement s’affranchit du territoire perçu. |