La condition féminine
Une minorité pourtant numériquement majoritaire : c’est ainsi que pourrait se définir la condition des femmes pendant de nombreuses années. À la création du département, en 1871, elles sont juridiquement mineures, soumises au bon vouloir de leur père, puis de leur mari. Il faut attendre 1944 pour qu’elles puissent voter, 1965 pour qu’elles puissent ouvrir un compte en banque ou encore travailler sans l’autorisation de leur mari, 1975 pour que l’interruption volontaire de grossesse soit dépénalisée… Les combats sont multiples, encore actuels pour une bonne part, portés par des générations successives. Aux communardes de 1871, succèdent les suffragettes au début du XXe siècle, puis, dans le sillage de mai 1968, émerge la génération du Mouvement de libération des femmes. À l’instar de Marie Marvingt, la célèbre aviatrice, de nombreuses femmes luttent pour conquérir une égalité de condition et de traitement avec les hommes.
Mai 1985, quelques mois avant le départ, Madeleine Griselin détaille un des enjeux de l’expédition qu’elle prépare durant un an et demi. « Dans le milieu de l’exploration, on affirme souvent que la femme est un boulet, […] nous prouvons le contraire. À ceux qui nous reprochent de reproduire le même schéma (féminisme contre machisme) nous disons qu’il faut des extrémistes pour parvenir à l’équilibre »*1. Huit femmes (seules quatre réaliseront l’ensemble de la traversée) partent en février 1986 de la base aérienne de Toul-Rosières pour une expédition jamais réalisée par des femmes seules : la traversée à ski de la banquise arctique. Par -40° C, cela représente 1 111 km à parcourir en 3 mois. Au-delà de l’exploit sportif, l’enjeu est scientifique. Il s’agit d’aller mettre en place des balises Argos afin de mesurer la dérive transpolaire, un courant mal connu qui fait dériver les glaces de la Sibérie vers le Groenland, et de mesurer l’épaisseur de la banquise.
Revenue de l’expédition, la jeune scientifique Madeleine Griselin ne lâche pas une passion qui la poursuit depuis ses plus tendres années. Elle continue ainsi ses recherches au sein de l'université de Nancy avant d’intégrer un laboratoire du Centre national de la recherche scientifique à Besançon.
*1 L’Est républicain magazine du 5 mai 1985.
Photo de groupe au départ de l’expédition Le Républicain lorrain, 4 février 1986 |
Portrait et trajet de l’expédition L’Est républicain magazine, 5 mai 1985 |
Lauréate de la Fondationde la vocation 1979
Prix Jacques Bourcart de l’Académie des sciences 1985
Médaille d’or de la Ville de Villerupt et de la Ville de Nancy 1986
Médaille de vermeil de l’Académie des Arts, sciences et lettres 1987