Naissance
La naissance est longtemps une affaire strictement féminine : par pudeur, l’homme en est tenu à l’écart. On accouche à domicile, en public, sous la direction d’une sage-femme au savoir-faire empirique. Les accidents sont nombreux qui conduisent à la mort de la mère, de l’enfant ou des deux : au XVIIIe siècle, près d’un enfant sur dix ne survit pas à l’accouchement. Malgré les efforts des autorités, qui prévoient en France en 1692 l’examen des sages-femmes par un chirurgien, la situation perdure, surtout dans les campagnes : jusqu’au début du XXe siècle, la "fièvre puerpérale", transmise par manque d’hygiène, ne laisse au nouveau-né que quelques heures à vivre.
Toutefois, à partir du XVIIIe siècle, les choses changent peu à peu, surtout en ville : des enseignements théorique et clinique sont organisés localement ; le contrôle par les chirurgiens, qui bénéficient des progrès de l’obstétrique, se renforce constamment.
La médicalisation de l’accouchement est progressive, tant l’intervention d’un médecin, appelé en ultime recours, est annonciatrice de malheur. La clinique ou "maternité", d’abord réservée aux pauvres, aux filles-mères et aux cas graves, est boudée jusqu’au XXe siècle. L’accouchement à l’hôpital n’est la norme que depuis les années 1950 : les progrès dans la lutte contre la douleur, les conditions d’hygiène, le confort et dans la formation du personnel, autant que le remboursement par la Sécurité sociale (1945), l’expliquent largement.