Les internés

Décès d'une internée

C'est l'avant-dernière rafle du 13 juillet 1944 qui amène la vosgienne Berthe Block au centre surveillé d'Écrouves. Très certainement affiliée à la famille du grand rabbin Haguenauer, cette femme représente les catégories les plus vulnérables de la communauté juive par son âge avancé (72 ans) et le fait qu'elle souffre de troubles mentaux. Pour les nazis, il s'agit de faire disparaître les ultimes témoins de la Solution finale alors que la Libération du pays est engagée depuis le 6 juin 1944. Néanmoins, lorsque décède Berthe Block le 24 août au camp d'Écrouves, la déportation des 97 autres Juifs arrêtés avec elle lors des rafles de juillet n'a pas encore eu lieu et n'aura pas lieu même si le quota théorique de 70 personnes est atteint.

Ce rapport révèle une précision toute administrative qui tend à montrer qu'à moins d'une semaine de l'arrivée des Alliés le camp conserve un fonctionnement répressif ordinaire. L'absence des causes du décès révèle à la fois le caractère banal et fréquent de la mort d'internés, la dureté de leurs conditions de détention et l'impunité des autorités qui n'ont de compte à rendre qu'à leur hiérarchie.