Quelles traces subsiste-t-il de la Grande Guerre, alors qu’ont disparu les derniers poilus et que la nature recouvre ses droits sur les champs de bataille ?
Les témoignages directs disparaissent et la science remplace la connaissance affective de la guerre : les lieux de bataille s’inscrivent dans l’archéologie, les écrits entrent dans la littérature, les objets acquièrent le statut de témoins de l’Histoire, voire d’œuvres d’art. Pourtant les noms de rues et les monuments aux morts rendent la proximité de la guerre quotidienne et l’inscrivent dans la conscience collective.
La transmission de la mémoire de la guerre de 1914-1918 n’est pas figée. La conscience de son exemplarité s’impose immédiatement dans l’après-guerre : on y voit le sacrifice patriotique de la Nation, avant d’en faire, dans les années 1930, un repoussoir dans la conduite de la politique étrangère du pays. À partir des années 1960, la fin de l’antagonisme franco-allemand permet d’élargir la vision du conflit et de mesurer l’importance des souffrances individuelles.
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